Résumé : Le deuil du visible dans le processus de création picturale.
Investigation d'un lieu englouti : la Chartreuse de Vaucluse (jura).
L'approche métaphorique d'un lieu désormais englouti au fond d'un lac artificiel, la Chartreuse de Vaucluse, nous invite à interroger les frontières du visible dans le processus de création picturale. Une enfilade de treize portes retient particulièrement notre attention par son dispositif mis en abîme qui, tout en s'illimitant, met en évidence l'enjeu principal de nos recherches : le seuil. Cette zone de transition et de contact est susceptible d'engloutir ou laisser surgir des présences latentes. De la vision rêvée de la Chartreuse à celle, éclatée, des miroirs de la surface du fleuve de la Loire, du motif espéré au presque rien, la recherche d'un espace originaire nous invite à nous perdre et paradoxalement, à apparaître. Passer de ce qui serait de l'ordre du presque rien à une spatialité sans chose, sans objet, est la tentation qui s'offre à nous dans ce parcours intuitif et solitaire. Du lieu intériorisé dont les limites sont toujours fuyantes, au non lieu de l'espace pictural, le processus soustractif se poursuit. Nous tentons de comprendre ce qui contribue à faire advenir un visible qui ne cesse de nous échapper. La difficulté est de laisser surgir ce qui se meut sous la surface du tableau et la rend vivante ; de donner à voir l'invu, ce qui n'a pas trouvé figure. Ne pas vouloir pour se laisser surprendre par ce qui apparaît s'inscrit au cœur d'un processus déstabilisant et toujours inachevé. S'approcher au plus près d'un seuil ultramince est ce qui motive, à chaque tableau, le même saut dans le vide, et la même incertitude.
Thèse soutenue en 2009 à Paris 8 sous la direction de Daniel DANETIS
http://www.sudoc.fr/145760774 Texte publié à Villeneuve d’Ascq, ANRT, 2011 / disponible dans les BU de Paris 8 et de l’UCO à Angers.
Anne Vincent . hishanne@gmail.com
Résumé « Suivons le chien… »
Pour une approche intuitive de la peinture
Suivons le chien… De l’atelier au tableau, de l’ajout anecdotique à une intégration dans l’ensemble, la présence du chien dans les œuvres de Rubens nous fait sentir l’importance d’un détail qui aurait pu passer inaperçu. Notre approche porte plus particulièrement sur le triptyque de L'Erection de la Croix , exposé dans la cathédrale d'Anvers. La focalisation sur le chien, ordinairement cantonné à la vie profane, interroge l’historique et la fonction de sa présence au sein de cette œuvre magistrale relevant du domaine du sacré. La présence d’une figure canine, généralement remisée dans le registre du trivial, au sein d’un retable peut surprendre, mais force sera de constater qu’il ne se cantonne pas à un simple rôle iconique, mais s’affirme au contraire comme un élément nouveau venant remodeler et dynamiser l’ensemble de la composition. Il déborde sa simple fonction représentative et s’impose au sein des forces plastiques en présence.
Anne VINCENT / Article pour l'ouvrage Le discours dans l'oeuvre / Suivons le chien... Pour une approche intuitive de la peinture